Ces dernières années l’univers du management est en pleine mutation, de nouvelles façons de travailler et de penser l’entreprise sont en train de voir le jour. Le système pyramidal classique s’efface peu à peu au profit d'une organisation qui remet l'humain au centre des préoccupations. Plus d’efficacité et de bien-être du côté des équipes, des managers mieux armés pour analyser les comportements, accroître la motivation de leurs collaborateurs et en définitive affirmer leur leadership. C’est toute la promesse des neurosciences en entreprise.

Présentation du concept :

De la même manière qu’un système nerveux, le management permet à une entreprise via des neurones (les collaborateurs) de créer des liens efficaces en interne et de communiquer avec l’environnement externe. Tout comme un individu, l’entreprise est un ensemble de systèmes conscients et inconscients innervés par un système d’information. S’appuyer sur les récentes découvertes de la science du cerveau et les processus inconscients peut donner l’opportunité d’innover pour renforcer la performance et le confort du manager et du collaborateur. Le corps social d’une entreprise peut s’apparenter au corps humain, "neuro-structurer" ce corps social et identifier les freins de sa réussite peuvent permettre de reformuler sa stratégie pour créer de la performance. En cela, savoir tirer profit des processus inconscients est peut-être la clé de l’efficacité des entreprises.

On ne peut ignorer que l’Homme est un être d’émotions et qu’il a besoin d’interactions stimulatrices y compris dans un cadre professionnel ; mécanismes de prise de décision, affinités pour certains types de tâches, facteurs de motivation individuelle. Les neurosciences nous aident à comprendre comment nous réagissons face à différentes situations et nous donnent des indications sur la façon de les gérer.

Les recherches sur les neurones miroirs nous prouvent que chez l’Homme ces neurones nous permettent de nous mettre à la place d’autrui, de capter ses intentions, ses sentiments et ses émotions. Les cellules miroirs expliquent pourquoi les émotions, tant le rire que la peine, sont contagieuses. L’introduction de la connaissance des neurones miroirs dans les processus de management peut être la clé de la performance d’une entreprise. S’appuyer sur les concepts neuroscientifiques et les juxtaposer aux sciences du management influencerait alors positivement la performance d’une entreprise.

Comment utiliser les connaissances en neurosciences pour améliorer son management ?

Le seul processus d’apprentissage que l’on connaît depuis notre naissance est l’imitation. L’imitation est à la base des système organisationnels d’une organisation. Si on veut impulser un comportement à son équipe, il faut d’abord l’adopter soi-même. Si on veut que son équipe soit positive, il faut être positif. Il est nécessaire de créer un climat de confiance et de générer du stress positif suscitant la motivation.

Les neurones miroirs nous permettent d’imiter les autres et par conséquent apprendre. Ils agissent par réciprocité et décuplent nos capacités à percevoir les gestes d’autrui, ses actions, ses intentions et ses états mentaux et émotionnels ainsi que ses points de vue conceptuels. Ces neurones facilitent l’élaboration de projections mentales sur d’autres personnes et influencent en retour le comportement de l’individu. Ils pourraient nous permettre de « rentrer » dans la peau de l’autre, d’essayer d’agir à sa place, de parler quand il parle pour mieux déchiffrer ses actions, tenter de deviner ses intentions.

Se mettre à la place de l’autre, se regarder en lui dans un miroir est peut-être une bonne manière de le comprendre. Les cinq pistes à dégager de ces découvertes sur les neurones miroirs, pour développer l’intelligence relationnelle au sein d’une entreprise sont :

•   Prendre conscience de ses trois cerveaux (reptilien, limbique, néocortex) et de son lien biologique et social à l’autre.

•   Développer son système de résonance (empathie) ; capacité à interagir avec l’autre notamment par le regard et la synchronie gestuelle et verbale.

•   Réviser ses pratiques de communication ; les réunions PowerPoint, les échanges par mails et les réunions à distance occupent une place essentielle dans le rôle du manager mais il faut organiser des face à face réguliers, planifiés et favoriser une écoute attentive et un échange confiant afin d’amener ses interlocuteurs à se projeter dans une réelle communauté.

•   Penser, sentir, intégrer que l’on est regardé, observé, imité.

•   Transmettre le sourire, du positif, la confiance de l’enthousiasme, du fédérateur.

Par conséquent, les capacités relationnelles s’améliorent lorsque l’on est bien dans sa peau et dans sa tête, ce qui nécessite d’être sécurisé et de diminuer son anxiété, et quand on a trouvé la bonne distance physique et psychique entre soi et autrui, indépendant et autonome.

Agir sur ces facteurs entraînent automatiquement des améliorations relationnelles, souvent à la base des formations managériales.

Comment manager ses équipes grâce aux neurosciences et ainsi améliorer les performances de son entreprise ?

Chaque acteur de l’entreprise peut avoir un impact sur la qualité de vie au travail.

Si on transpose l’apport des neurones miroirs aux techniques de management, il est alors possible d’impulser des stimuli positifs à ses collaborateurs afin d’améliorer leur bien-être au travail. Nous sommes tous des créateurs de réalité. Plus de 70% de notre communication est non verbale. Tout ce que nous sommes, percevons ou ressentons est perçu par les autres grâce aux neurones miroirs. Par conséquent, nos actions définissent la façon dont on est perçu par les autres. Il est nécessaire de changer d’état interne si l’on veut interagir positivement avec les autres. Ce que nous pensons des autres est véhiculé à travers l’agent verbal et la personne va reproduire le même schéma, négatif ou positif.

Les trois rôles des neurones miroirs qui peuvent être utilisés dans la méthode de management sont :

•   L’imitation des actions : observer un comportement, un mouvement, c’est déjà le réaliser dans notre esprit, et de manière extrêmement précise. Voir un acte et l’accomplir entraîne l’activation des mêmes zones cérébrales.

• Le déchiffrage des émotions : observer des visages heureux, effrayés ou maussades active chez le spectateur les mêmes aires cérébrales, à moindre degré, que lorsque l'on éprouve réellement ces sentiments. Les images, photos ou films ont un impact considérable sur notre cerveau.

•   La contagion émotionnelle : les neurones miroirs constituent une sorte de sixième sens qui rend les émotions contagieuses.

Si une personne impulse un état d’esprit positif, il y a de grandes chances que, par effet miroir, d’autres personnes adoptent cet état esprit et que tout cela crée une synergie positive au sein de l’environnement de travail.

Par exemple, si une personne est motivée, enthousiaste et volontaire au sein d’une équipe, ses collaborateurs seront influencés par sa positivité et seront, à leur tour, motivés, enthousiastes et volontaires dans l’accomplissement de leur travail.

Le bien-être au travail ; apport des neurosciences et impacts sur la performance.

Rendre les salariés « heureux » au travail pour obtenir de meilleurs résultats, est une technique adoptée aux Etats-Unis par les géants comme Google il y a déjà quinze ans et qui a fait ses preuves.

Un nouveau métier en est même né, celui d’ « hapiness officer » ou responsable du bien-être au travail. La mise en place de ce poste dans une société représente un budget conséquent pour l’entreprise, mais qui permet une meilleure performance de cette dernière. Notamment, cela permet une fidélité des salariés ce qui diminue le turn-over et permet un gain de temps considérable sur la formation des collaborateurs. De plus, les clients seront mieux servis par des collaborateurs heureux et aimant leur cadre de travail. Cette méthode est facilement applicable dans les petites entreprises. La méthode de management par effet miroir, en impulsant la positivité aux équipes par le biais d’une personne (comme un « délégué de la positivité ») développerait ainsi le bien-être au travail et par conséquent aurait un impact positif sur la performance économique de l’entreprise. Impulser la positivité à ses équipes par le biais d’une personne est peut-être la clé du bien-être au travail et par conséquent de la performance des entreprises.

Par ailleurs, cette méthode ne nécessite aucun investissement financier supplémentaire de la part de l’entreprise, ce qui est primordial pour une structure comme une Très Petite Entreprise (TPE) ou une Petite ou Moyenne Entreprise (PME). En effet, la personne élue comme « délégué de la positivité » est issue du personnel existant et occupe un poste au sein de l’entreprise qui peut être totalement différent de celui de manager. Ce délégué est une personne désignée, parmi des personnes volontaires, par le manager ou par la direction (le cas échéant), hebdomadairement ou mensuellement.

En bref ...

En  prenant  conscience  des  neurosciences,  les  managers  vont  mieux  décrypter  les comportements et stimuler la motivation de leurs équipes.

C’est en étant plus heureux, stimulé, motivé, non stressé et dans un environnement de collaboration confiante que l’on est plus performant. Les neurosciences, en délivrant une compréhension holistique des comportements humains, contribuent à développer l’efficience et la qualité de vie au travail en bonne intelligence collective. Elles nous donnent des clés pour agir, concrètement et simplement sur la motivation des équipes, la gestion des relations parfois compliquées auxquelles le manager doit faire face.

Une nouvelle forme de performance se dessine. Améliorer la qualité de vie au travail n’est plus un luxe réservé à quelques entreprises soucieuses du bien-être de leurs salariés. C’est de plus en plus un levier de compétitivité majeur. Appréhender les processus mentaux, les motivations et les ressentis des acteurs de l’entreprise (managers, collaborateurs et dirigeants) aide à mener les transformations avec succès, à mettre en oeuvre des stratégies innovantes, à gagner en efficacité et en performante.

Les neurosciences permettent aux managers de comprendre certains des automatismes biologiques humains, comme les neurones miroirs, afin de les dépasser ou de les utiliser autrement. Elles nous confirment l’importance primordiale de la pensée positive à la fois pour soi-même et pour ceux que l’on cherche à influencer et nous montrent l’importance des relations sociales, de l’émotion, de l’empathie, de la reconnaissance et de la solidarité.

Engagement, confiance, autonomie, altruisme, bien-être, responsabilisation, coopération, empathie sont les clés d’un management réussit.

La compréhension et l’activation des mécanismes neuronaux par le manager sont synonymes d’efficacité, de créativité et d’innovation pour son organisation, en même temps que de bien-être, de motivation et d’autonomie pour ses collaborateurs et pour lui-même.

Par-delà les aspects individuels, il faut souligner la responsabilité de l’entreprise et de ses dirigeants dans leur capacité à insuffler, maintenir et accroître ces émotions positives lors des relations humaines professionnelles. Elles sont pourtant indispensables à la confiance et à la compétitivité. Toute communication, toute situation, a son sous-titre émotionnel et relationnel. Le dirigeant et les managers doivent donc aiguiser leurs capacités à transformer leurs émotions – et celles de leurs collaborateurs – en intelligence pratique, relationnelle, situationnelle. La vision positive d’un résultat, une relation de confiance, un contrôle sécurisant, une écoute réelle, sont autant d’atouts pour le manager qui souhaite que ses collaborateurs donnent le meilleur d’eux-mêmes.

Pour ce qui est de la méthode du « management miroir », il ne s’agit pas d’inciter les personnes à aller vers les autres et à participer à des activités de groupe mais simplement de promouvoir des ondes positives au moyen de personnes volontaires. Cette motivation « naturelle », par imitation d’autrui, entraîne une synergie positive créant un environnement de travail propice au bien-être et à la performance.