150 personnes présentes au cercle Conan-Doyle, dans le XIème arrondissement parisien. Au coeur des échanges : start-up, innovation et développement économique. Et le sentiment partagé que des choses de passent en Corse.
par Diana Saliceti
C'est dans une salle à l'ambiance feutrée et sur fonds de chants corses que l'association Cerca, soutenue par le réseau social et professionnel Communiti, a accueilli les participants de cette soirée.
Si le plaisant buffet aux saveurs insulaires concocté par les partenaires de la soirée en a séduit plus d'un, les échanges ont également beaucoup marqué les esprits
Ce premier rendez-vous de l'association Cerca, fondée par des jeunes Corses inscrits dans les facultés parisiennes, avait pour thématique le développement économique de l'île via le numérique.
Bon nombre d'acteurs influents de la Corsican Tech était au rendez-vous et ont partagé leur expérience auprès d'un public composé d'étudiants et de professionnels issus de tous les secteurs.
Robert Menassé, cofondateur de Communiti, a ouvert cette table ronde en rappelant le concept de ce site qui vise à faire le lien entre les différents acteurs professionnels, sur l'île comme à l'extérieur. "Nous voulons également exporter la culture insulaire" déclare ce trentenaire ajaccien. "S'il est important de continuer dans cette internationalisation de la Corse, il faut surtout faire en sorte que les gens reviennent !". Un retour à la terre natale ne signifiant par enfermement puisque l'ère du numérique est avant tout, pour la Corse, l'opportunité d'aller chercher des marchés partout dans le monde. Et ce, à l'image de la start-up Bastiaise Bowkr, dédiée à l'emploi, mobile et freelance, co-fondée par Morgan Tomasini et Léo Kinany-Martelli.
Ce dernier partage son expérience à la tête de cette entreprise qui compte 8 collaborateurs : "3% de nos utilisateurs sont en Corse ... et 15% sont en Belgique !"
Autre participant au débat : Laurent Sambroni, représentant la Sitec, cette société de services informatiques implantée en Corse depuis 32 ans. Persuadé qu'il se passe quelque chose dans le secteur de l'innovation et du numérique, il en profite pour proposer deux offres d'emploi d'automaticien et de gestionnaire d'infrastructure réseau à pourvoir directement via le site de Communiti.
« La Corse a des défis à relever, et c'est aux entrepreneurs d'y proposer des solutions »
Si le numérique est en plein essor c'est aussi peut-être parce qu'il permet d'inventer son coeur d'activité à l'instar de Ghjuvan Micaelu Grimaud, cofondateur de Biomathematica dont la mission est de "décrypter l'invisible monde de micro-organisme en utilisant les maths." Conscient de la complexité de la chose, le jeune docteur en biomathématiques tente de vulgariser : "On essaye de comprendre les bactéries pour vous soigner, vous nourrir et participer au développement durable". Composée de ses deux fondateurs et de deux consultants, cette start-up ajaccienne se propose par exemple d'identifier très précisement la souche des bactéries afin de cibler l'antibiotique à administrer.
L'emploi, la santé, l'art : rien ne semble arrêter les startupers insulaires. "Les temps changent, si nous sommes là, c'est parce que nous avons accompli un acte de foi. Celui de l'innovation" déclare Marc Simeoni à l'origine, avec son complice Paul Miniconi, de Volpy, l'application qui permet de revendre plus facilement que jamais son téléphone portable. "C'est l'innovation qui permettra peut-être de sortir du tryptique mortifère : immobilier-argent public et tourisme non marchand. Volpy ce sont 17 employés qui ont envie de vivre chez eux mais nous avons accepté de jouer avec des règles mondiales !". Autre acte de foi, tous les employés de la startup prennent des cours de corse à l'école Practicalingua. "Même l'Egyptien qui vient d'arriverchez Volpy parle mieux le Corse que le Français !" et de rajouter "Aujourd'hui, il n'y a plus de barrières, on peut rêver le monde à partir du Niolu ou du Cap Corse !".
L'allusion au Cap Corse de Marc Simeoni est sans doute un clin d'oeil lancé à son voisin de gauche à cette tablée parisienne : Pierre-Noël Luiggi, fondateur d'Oscaro, le leader de la vente de pièces détachées automobiles en ligne. Pas question pour celui-ci de parler d'Oscaro mais plutôt du caractère aventurier que l'insulaire doit savoir conserver. "Il faut que l'on refasse notre Californie !" explique le PDG, souvent cité en exemple. "Il y a là le ferment de la nouvelle Corse que l'on peut réensemencer !".
Remettre l'aventurier au goût du jour, c'est la devise de cet entrepreneur qui remplace volontiers le célèbre "métro, boulot, dodo" par un espiègle et sincère "orly, cannelloni, amichi".
La prise de parole s'est terminée dans la bonne humeur avec, dans les esprits, beaucoup d'espoir quant à l'avenir et de nouveaux paris à relever. Une belle fenêtre sur le monde semble d'ores et déjà grande ouverte.
Un article de Diana SALICETI - CORSE MATIN - MARS 2018