Au départ, il y a l’information. D’un côté, son flux incessant déversé de fourmillants réseaux sociaux en sites émiettés sur l’infini internet. De l’autre, celle qui reste confidentielle, murmurée de bouche-à-oreille hors numérique. Offre d’emploi éparpillée sur les différentes pages dédiées, projet qui peine à décoller faute de notoriété ou encore idée lumineuse qui s’envole à la table d’un café... Autant d’opportunités manquées entre le trop-plein et le pas assez.
par Ines MORATI
Du moins, avant qu’un quintet ne s’attèle à la création d'un outil : Communiti. « Une plateforme qui connecte donc la communauté Corse, rassemblant des personnes physiques mais également des entreprises, des institutions publiques ainsi que des associations », énumère Robert Menasse, parmi les cinq fondateurs de la start-up. Sous l’impulsion de cette dynamique équipe, l’info se voit maîtrisée puis transmise à l’instant T, les besoins identifiés et les compétences repérées. En somme, voilà les chances d’agir décuplées. Et si l’espace est évidemment dématérialisé, au cœur du concept, l’humain demeure bel et bien. « Il s’agit de permettre à chacun, à son échelle, de participer au développement économique et social de l’île », souligne le jeune homme. « Sur le terrain, on ressent intensément cette envie de donner davantage de sens aux savoir-faire que l’on peut mettre au service d’une structure ou d’entreprendre avec une vision à long terme pour le rayonnement du territoire. »
Dès lors, le réseau s’attache à rendre concrets les contextes tout en facilitant la mise en relation des profils. « Nous tenons à ce que la présentation d’un projet ou d’un poste à pourvoir ne se réduise pas simplement à une suite de chiffres et de lettres dénuée d’âme », détaille-t-il. « Aujourd’hui, on adhère à une initiative ou l’on postule à une offre en considérant les valeurs communes, l’épanouissement au sein de la future équipe ou encore l’identification à la culture d’entreprise. » Dans le même esprit, Communiti ouvre le champ des possibles en sortant du seul support virtuel, ancrant alors des événements dans le réel. Conférences et cocktails : les liens se tissent aussi en dehors de la toile.
« Il nous apparaît comme essentiel d’encourager les synergies en organisant des rencontres, théâtres de découvertes, d’expériences et de savoirs échangés », établit Robert. « En prime, nous mettons un coup de projecteur sur les événements orchestrés au niveau international par la diaspora via un calendrier commun. » Une volonté d’ouverture qui fait écho aux parcours des cinq fondateurs, tous diplômés d’écoles d’ingénieur ou de commerce, qui se sont également formés par-delà les frontières avec l’objectif de partir pour mieux revenir. « Nous faisons face ici à un enjeu double. Notre but est d’aider les étudiants îliens à trouver des stages à l’international mais aussi de permettre à des corses vivant à l’étranger de rentrer travailler sur l’île en leur donnant accès aux projets en cours de développement sur le réseau et donc d’ y postuler malgré la distance », éclaire Robert. Un va-et-vient de cerveaux, des trouvailles plein la tête, qui pousse l’île à aller de l’avant. Pléthore d’idées qui se partagent d’ailleurs sur l’effervescente partie laboratoire de la plateforme.
Il s’agit de permettre à chacun, à son échelle, de participer au développement économique et social de l’île .
« Chaque personne a la capacité de faire part de ses connaissances dans un domaine spécifique par le biais d’articles visibles par les membres, comme de proposer des solutions innovantes aux défis du territoire », résume-t-il. Jusqu’alors maillon manquant, à la fois vivier de talents, repaire d’experts et créateur d’opportunités, Communiti met en lumière le potentiel insulaire tout en nous invitant, dès maintenant, à collaborer pour construire la Corse de demain.
Entre racines et horizons, de la cité impériale à la Magic City, Communiti connecte la communauté corse.
C’est ainsi que Lisa Bettini, originaire d’Ajaccio, a pu compter sur le réseau pour relayer sa campagne de crowdfunding destinée à financer l’auto-édition de son premier ouvrage, « Tirée par les cheveux ». Tandis que Piera-Maria Luciani a pu avoir vent d’un stage basé à Miami, s’envolant alors Outre-Atlantique afin de participer activement à la croissance de la start-up Place2b.
Un article d'Ines MORATI - FEMINA VERSANT CORSE - Aout 2017