Plus de 5000 membres, un brassage international pour le fourmillement des idées, l'émergence de projets, l'identification de besoins et de compétences. Le réseau social corse fait des débuts prometteurs.
par Noël KRUSLIN
L'idée ressemblait, à la base, à une version numérique de Corsica diaspora. Les intér essés reconnaissent aujourd'hui encore que la démarche associative les a inspirés et les inspire toujours. Mais le projet s'est structuré bien au-delà, avec une SAS pour support, une start-up pour moteur, un réseau social à la fois en vitrine et en catalyseur de l'action la plus transversale. Avec pour acteur et bénéficiaire, celui qui revendique son appartenance ou sa proximité avec la société corse.
Misant sur l'international, à la fois pour un flux entrant et sortant, 5 jeunes associés, Ajacciens pour la plupart, ont développé le réseau social Communiti, mis en ligne le 12 juillet et taillé pour reposer sur quatre piliers maîtres : le réseau social, le réseau professionnel, la plateforme dédiée au financement participatif, l'espace consacré aux échanges d'idées, d'expériences, d'informations, voire à l'émergence de projets.
Aujourd'hui, depuis leur "centre nerveux" du pôle de Suartellu à Ajaccio, Robert Menasse, Thomas Dellasantina, François Cardi, Jean-Louis Beynel et Christophe Battesti constatent la réussite d'un examen de passage. La start-up Communiti s'était fixé un premier objectif : l'adhésion de 4 000 membres au 31 décembre 2016. Il a été atteint dix jours plus tôt.
La "famille" s'est élargie à 5 054 membres à ce jour, chacun adressant un code de parrainage tous azimuts à d'autres adhérents potentiels. Ce qui laisse entrevoir de belles perspectives d'évolution.
Quant au contenu de ce réseau bien plus ciblé que les incontournables Facebook et Twitter, le bouillonnement y a été considérable au cours de ces 7 derniers mois. « Nous nous sommes efforcés de tout analyser en nous soumettant à cette première phase de test » explique Robert MENASSE, le président de la SAS. « L'analyse du contexte Corse, de son rapport à l'international, les difficultés d'établir un contact avec l'île. Nous avons également mesuré à quel point il est difficile d'entreprendre, de faire converger les volontés, les compétences et les besoins, avec pour ambition d'imbriquer le tout, sur une seule plateforme et de créer du lien ». A l'heure d'une premier bilan, le sentiment de réussite prévuat, sans que les cinq associés considèrent pour autant que leurs prévisions étaient toutes les bonnes.
« On est parti d'une idée, on l'a mise en place et sur la totalité des besoins estimés, bien des choses étaient avérées, sur d'autres nous étions à côté de la plaque, et bien des choses que nous n'imaginions pas se sont dessinées. Pour résumer ce premier bilan, je dirais : 60% bien vu, 40% à côté et 300% d'insoupçonné ». Robert MENASSE n'en finit pas d'énumérer les innombrables épisodes qui ont fait vivre Communiti sur la toile. « Pour les jeunes, le besoin de se former à l'international est très fort. D'où la volonté de tisser des liens avec la Diaspora. Une étudiante a dernièrement, via le réseau, décroché un stage à Miami. Un autre, parti faire une école de commerce à Bordeaux, voulait faire son stage en Corse. Il l'a trouvé grâce à nous. On a diffusé aussi des offres d'emploi qui ont eu, sur les sites des employeurs, des pics de fréquentation. »
Communiti, c'est aussi le "mur" ou les idées, suggestions et autres informations sont "likées" comme ailleurs, voir "épinglées" pour en souligner la partinence.
Jusqu'à tracer les contours de services nouveaux à développer. « Les échanges ont permis de faire émerger, par exemple, l'interêt d'un "drive" régional exclusivement consacré aux produits cores ... et d'apprendre que le dispositif existait déjà en Corse à une échelle microrégionale ». Parmi les estimations excessives du réseau social, celle du besoin d'un financement participatif n'est pas la moindre.
« Ce besoin n'est pas aussi important que ce que l'on pensait, reconnaît le président. Je pense qu'il y aura un marché d'ici deux ans. C'est pourquoi on va développer cette plateforme, en veillant à ne pas mettre en péril l'existant, notamment le secteur bancaire très présent en Corse. »
Sur communiti, nombreux sont ceux, donc, qui ont trouvé leur communauté. Un profil type ? L'internaute, animé par un sentiment d'appartenance, par l'envie d'être utile, d'apporter quelque chose.
« Pas celui qui va arriver pour dire qu'il est bon en consulting et qu'il faut l'embaucher », précise le président. « Plutôt l'individu qui se fait connaître pour apporter son savoir ou ses compétences à un projet en devenir ».